Diffusion de la Charte en Italie : interview d’un architecte italien
Articulation responsabilité - citoyenneté : point de vue d’un Français Diffusion de la Charte en France : entretien avec un militant écologiste Diffusion de la Charte en France : interview d’un élu d’une communauté de commune en Auvergne Diffusion de la Charte en France : interview d’un enseignant du primaire Diffusion de la Charte en France : interview d’un membre du Ministère de l’Ecologie et du Développement durable Diffusion de la Charte en France : interview d’une psychologue militante Diffusion de la Charte en France : interview d’un élu d’une communauté de commune en Auvergne. Diffusion de la Charte en Grèce : la responsabilité selon Aristophane Diffusion de la Charte en Italie : interview d’une professionnelle de la santé Diffusion de la Charte en Italie : la Charte comme prétexte Interview d’un militant écologiste en Grèce Interview d’un musicien en Grèce Interview de la Directrice d’un Département d’Immigration dans une Région Grecque L’apprentissage social comme source de la responsabilité : point de vue d’un formateur autrichien L’éducation comme exercice de la responsabilité et transmetteur d’espérance L’éducation, moteur de responsabilisation La solidarité Nord/Sud comme forme de responsabilité Perception des responsabilités de l’Union européenne : point de vue d’un chercheur finlandais Quelle Responsabilité dans une maternelle ? Quelle responsabilité face à ceux qui ne peuvent pas exercer leur citoyenneté ? Une longue route : entretien avec un informaticien italien. |
Publié le 10 décembre 2005
Interview d’une Animatrice d’Education à l’Environnement en France par Jean-Paul BRAUX | |
Nous présentons ici le compte rendu d’une interview sur la notion de responsabilité et sur la Charte, qui a eu lieu en France. La personne interrogée est une femme, entre 25 et 30 ans, vivant avec son compagnon, qui n’a pas d’enfants. Elle travaille comme Animatrice en Education à l’Environnement, dans un Centre de Loisirs, dans la Région d’Auvergne en France. Elle habite une maison de bourg dans petit village de moyenne montagne à une dizaine de km de son lieu de travail et une trentaine de l’agglomération capitale régionale (Clermont Ferrand). Il ne s’agissait pas d’une discussion libre, mais d’une interview orientée par le questionnaire rédigé par l’équipe de coordination de la Charte en Europe, questionnaire qui est employé par les membres de l’équipe en France, en Grèce et en Italie. Ce questionnaire propose deux textes introductifs rédigés par notre équipe, au choix, tirés de l’actualité Européenne : 1) sur la corruption dans le secteur public et dans la société dans son ensemble et 2) sur la consommation de produits alimentaires en Europe et le commerce international (exemple du jus d’orange). En s’appuyant sur l’exemple d’un de ces textes, on pose des questions sur la notion de la responsabilité, ses conditions et ses limites et on enchaîne avec la présentation du texte de la Charte et la discussion autour d’elle. Pour la personne interrogée, parler de Responsabilité humaine évoque immédiatement les idées suivantes : « pas seul sur la terre », « pas maître du monde », « citoyen planétaire », « réparer » (les dégâts de l’homme), « gestion » (de cette planète dans le sens écologique et non économique). Afin de discuter de façon plus approfondi sur cette idée de responsabilité, il est proposé à la personne de se positionner par rapport à la problématique développée par le texte introductif sur la consommation du jus d’orange en Europe. Le texte proposé part du constat que 80% du jus d’orange bu en Europe provient du Brésil et que cette production a des impacts environnementaux considérables, en quantité de pétrole, eau et ressources nécessaires. La personne se sent responsable, mais elle relativise, en disant qu’elle n’est pas la seule responsable. Pour elle, la responsabilité incombe à des facteurs sur lesquels elle n’a pas de prise : la société dans son ensemble (« nous sommes tous consommateurs »), le commerce international, nos habitudes, les effets de mode. A la question « devant qui êtes-vous responsable ? », elle répond que c’est une responsabilité envers les êtres vivants, la Planète entière, les gens exploités. La discussion révèle qu’il s’agit d’une personne militante qui considère qu’elle prend ses responsabilités collectivement (appartenance à des associations d’éducation à l’environnement et de protections de la nature), professionnellement (animatrice d’éducation à l’environnement ) et individuellement. En particulier, au niveau quotidien, elle est attentive aux économies d’énergie, d’eau, trie ses déchets et est soucieuse de la qualité et l’origine de ses aliments. Cependant, il y a plusieurs facteurs qui bloquent cette prise de responsabilités. Elle considère que le manque de moyens financiers ne lui permet pas d’aller vraiment loin dans ses choix de consommations et modifie l’organisation de sa vie quotidienne. Elle se réfère aussi au manque d’informations, quand elle dit qu’elle ne connaît rien sur l’origine des produits « bio » qu’elle consomme. Elle est encore confrontée à d’autres problèmes, comme le peu d’intérêt et soutien de ses collègues de travail, une culture différente dans sa famille, le sentiment d’être seul. Elle met l’accent sur le fait que l’efficacité de son propre engagement lui paraît faible, car « l’être humain sur Terre, seul, a une faible importance », ce qui nécessite de se regrouper pour agir. Une réorganisation pour sauver la Planète et l’homme en proposant des valeurs aptes à prendre en compte les êtres vivants de la Planète. Par ailleurs elle s’interroge sur l’idée du pollueur - payeur qui semble être un facteur de déresponsabilisation dans la mesure où le pollueur se contente de payer, ne voyant pas la réalité des conséquences de ses actes. Ceci l’amène à parler du fait que nous tous, nous n’avons pas vraiment conscience des conséquences de nos actes, comme p.ex. pour les déchets que nous produisons. En ce qui concerne les questions d’actualité d’un autre niveau, comme la guerre en Iraq, elle dit qu’elle a une faible part de responsabilité, à travers sa consommation de pétrole. Elle considère qu’elle ne peut pas s’y opposer seul. Pour elle, ce qui bloque l’action pour des questions de ce type est la censure de la société : « parfois il est plus facile de se taire que de s’exprimer dans le souci de rester intégré à la société ». C’est pourquoi - pour elle - le droit de vote est important, parce que la vote à bulletin secret permet de s’exprimer librement sur ces questions. L’examen des principes de la Charte, comme document de référence à la prise de responsabilité, la rend critique sur différents points. Si elle considère comme nécessaire et indispensable ce texte pour un futur meilleur pour notre Planète, elle est plus réservée sur la pertinence du texte actuel. Pour elle, il apparaît être le reflet de nos sociétés de pays développés. De plus elle s’interroge sur l’impact de son usage. Si cela lui semble possible de sensibiliser chaque être humain, elle est plus réservée en ce qui concerne les nation, notamment pour des questions économiques et de pouvoir. La recherche de la prospérité la dérange, le mot prospérité évoquant pour elle la raison qui fait que notre Planète est dans cet état, ajoutant que même si cela se veut équitable, c’est encore une affaire d’économie et de pouvoir. L’expression « exercice de pouvoir » la gène aussi et elle s’interroge sur l’existence ou non d’une démocratie réelle en France. Enfin, sur les critères éthiques, elle s’interroge en particulier sur leurs bases : religieuses, autres... ? La responsabilisation pouvant aller jusqu’à un sentiment de culpabilisation cette animatrice s’interroge souvent sur cette question pour elle existentielle. jusqu’où aller dans le souci de ses propres choix, « est-ce que je dois arrêter de respirer pour que d’autres respirent ? ». Elle propose d’intervenir individuellement, chacun à son niveau, avec ses moyens, ce qu’elle peut accepter. Ce qui va dans le sens de « sustainable » en tant que supportable et effort soutenu.
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