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Publicado em 10 de dezembro de 2005
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Interview d’un musicien en Grèce

Nous présentons ici le compte rendu de l’interview d’un homme grec, de 34 ans, célibataire, sans enfants. Il travaille dans le domaine du spectacle, en tant que musicien professionnel, tout en poursuivant des études post-universitaires en psychologie du travail. Notre discussion était structurée autour des questions du questionnaire préparé par l’équipe européenne de la Charte.

Pour lui, la responsabilité est une obligation, un devoir : c’est un ensemble d’actions que chacun d’entre nous est forcé d’entreprendre, à cause de la pression de ses convictions, de ses croyances ou encore du milieu social. La notion de responsabilité est associée, par lui, aux notions d’obligation, de personnalité, d’action irresponsable, d’exploitation, de moquerie. La prise de responsabilités signifie de reconnaître ses responsabilités et agir en concordance. Il donne les exemples de la responsabilité des parents envers leurs enfants, la responsabilité de l’état envers les citoyens, des citoyens envers l’environnement, de chacun entre nous pour un comportement « juste » dans ses relations interpersonnelles et dans son milieu professionnel.

Lui-même, il assume ses responsabilités dans sa vie quotidienne en essayant d’agir suivant ses propres principes et croyances plutôt, que suivant ce que les autres attendent de lui ou l’obligent à faire. Il souhaiterait pouvoir transmettre à ceux qui l’entourent certains principes et modes d’action qui donneraient plus de qualité à la vie commune, comme la gentillesse, l’amour et l’intérêt pour les autres. Il se heurte au manque de volonté de la plupart de gens de s’occuper des autres de manière désintéressé, sans chercher le profit. Plus en général, le mode de vie actuel se caractérise par la lutte pour la survie, accompagnée d’un désir consommation excessive. On est indifférent aux autres, puisque chacun considère que ses problèmes personnels n’ont aucune relation avec les problèmes des autres. C’est justement à ce point là où se trouve la cause de l’attitude irresponsable autour de nous.

Ayant lu l’article sur la corruption du secteur public en Grèce (contenu dans notre questionnaire), nous abordons la question de notre responsabilité éventuelle pour les questions soulevées par l’article. Il se sent responsable puisqu’il ne réagit pas de manière dynamique à ce qu’il voit, mais il pense qu’il est quasiment impossible de changer quoi que ce soit. Il a le sentiment d’impuissance face à la corruption généralisée, qui se manifeste tout aussi dans le secteur public, que dans le secteur privé, par l’exploitation des travailleurs.

De quelle manière pourrait-on agir de manière responsable face à tout cela ? On pourrait dénoncer, en employant les procédures de recours juridiques. On pourrait s’impliquer dans l’action collective, s’associer à d’autres pour former des groupes d’action. Mais, lui-même préfère concentrer ses efforts à l’avancement intérieur, au changement personnel, à l’amélioration de son propre comportement.

Concernant la Charte, il considère que l’énoncé de ces principes est utile, bien qu’il soit extrêmement difficile qu’on arrive à faire respecter ces principes. Le texte lui rappelle un peu les dix Commandements de l’Ancien Testament. Néanmoins, il ne se réfère nullepart à des éléments des rapports interpersonnels dont l’amélioration pourrait conduire à la résolution de plusieurs problèmes. Il est un peu sceptique concernant la signification de la référence à « l’exercice du pouvoir » et aux malentendus que cette référence pourrait créer. Le texte énonce ce qui est bon à faire, mais on ne donne aucune idée sur le parcours et les dispositifs pratiques qui pourraient nous mener au résultat souhaité. La seule exception est la référence à l’effort individuel et à la responsabilité individuelle. Il aurait souhaité que le texte offre des idées concrètes sur la manière d’agir.

Quant aux objectifs de la diffusion de la Charte, il est un peu réticent concernant à l’adoption de ce texte par les instances internationales en tant que texte de référence. Si la Charte devient une sorte de « loi », il y aura forcement des problèmes d’interprétation des concepts contenus et des problèmes d’application. Il considère plus réaliste et plus intéressant l’objectif de la déclinaison de la Charte en des codes de conduite pour des milieux professionnels divers. Mais plus que tout autre, il s’intéresse à l’emploi de la Charte pour la sensibilisation et l’éducation des enfants et des jeunes. Il espère qu’on pourrait ainsi conduire les jeunes à l’adoption de ces principes et à des comportements en accord avec eux. L’éducation dans ce sens, à travers la diffusion de ce texte, devrait commencer dès la plus jeune enfance et durer tout au long de la vie scolaire. Néanmoins, en dehors de la diffusion de la Charte, l’équipe d’animation devrait s’impliquer dans des actions concrètes, ayant un résultat palpable, qui permettraient de concrétiser les idées abstraites de la Charte et mobiliser les gens.

On constate ici que les réponses de la personne interviewée tournent autour de l’idée du changement intérieur personnel, en tant que facteur de changement social. Nous avons repéré cette même conception lors de l’atelier sur l’action des jeunes, animé par Nacéra Aknak Khan, à l’occasion du Forum Social Mondial de Porto Alegre, en 2005. A cette occasion, quand l’animatrice avait posé la question de la signification de la responsabilité, plusieurs jeunes se sont référés à l’évolution de la personnalité, au changement de la personne, comme préalable au changement des institutions et des rapports sociaux.
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