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Publicado em 10 de dezembro de 2005
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L’apprentissage social comme source de la responsabilité : point de vue d’un formateur autrichien

Nous présentons ici le compte rendu d’un entretien avec Thomas Mann, un Autrichien de 36 ans, sociologue, formateur et engagé dans des réseaux de citoyens transeuropéens.

J’ai exposé à Thomas l’approche générale de l’animation du processus de la Charte quand je l’ai rencontré puis, faute de temps, le questionnaire a été complété via des échanges électroniques.

Le guide d’entretien s’est appuyé sur le questionnaire rédigé par l’équipe d’animation de la Charte en Europe mais s’est aussi délibérément concentré sur les responsabilités spécifiques de l’Union européenne vis-à-vis de ses citoyens et du reste du monde.

La notion de responsabilité humaine conduit l’interviewé à penser que l’être humain n’est pas une créature isolée mais un être social vivant, qui doit intégrer dans ses modalités de réflexion et d’action, son environnement social et naturel. Cette attitude se traduit aussi bien au niveau individuel que dans un contexte d’interactions sociales.

Ainsi la responsabilité humaine implique-t-elle d’être attentif à la nature, aux animaux et autres humains, de réfléchir à leurs situations d’êtres vivants et de leurs inter-relations, de s’y adapter et d’optimiser notre environnement naturel et social en agissant dans la sphère sociale. Des jeunes et des personnes plus expérimentées peuvent partager leur savoir en ce sens. Ainsi la responsabilité humaine est-elle étroitement liée à la responsabilité sociale et à l’apprentissage (social) .

L’expression même de responsabilité humaine évoque la réflexion, le fait d’être attentif, à l’écoute, lutter pour des droits communs, s’entraider, prendre soin, être patient, ne pas forcer les autres, dialogue, coopération, compréhension.

Sur le plan personnel et dans la vie quotidienne, Thomas entend assumer ses responsabilités en étant au fait des phénomènes environnementaux et sociaux, en réfléchissant à la manière dont il agit envers les autres, les animaux et la nature, en s’appuyant sur le dicton « Ce que tu ne veux pas qu’on te fasse, ne le fais pas aux autres ».

Ne pas gaspiller l’argent, ne pas polluer l’environnement à chaque occasion d’interaction avec l’environnement naturel et social découle davantage d’un choix rationnel et de la recherche non-exclusive d’avantages personnels que d’un réflexe émotionnel.

Sur le plan professionnel, dans chaque projet pour lequel il est sollicité, Thomas évalue s’il peut y assumer une part de responsabilité, en jaugeant ses capacités et ses limites. Il s’assure que dans le processus de travail, la prise en compte de ses propres aptitudes professionnelles soit garantie. S’il s’implique dans le projet, soit il remplit son rôle, soit il doit être honnête et donner la possibilité à ses partenaires de modifier le processus de travail en les informant à temps qu’il ne peut davantage s’engager. Ce qui signifie que les relations de travail doivent être basées sur le respect, le fait de pouvoir compter les uns sur les autres et des procédures de communication démocratique.

Thomas a parfois été empêché d’agir ainsi dans son environnement professionnel, notamment dans des périodes où il a dû démissionner. Alors, il faut affronter la pression sociale et la crainte d’être exclu du marché du travail. En effet, les médias et les employeurs aussi bien du secteur privé que du secteur public produisent un environnement social « d"obéissance silencieuse » où les possibilités d’expression personnelle sont négligées au profit d’une intégration dans une hiérarchie soi-disant fixée du travail et du pouvoir.

Thomas se sent-il responsable de problèmes (racisme, pollution, guerre en Iraq, etc.) qui a priori ne relèvent pas de sa vie professionnelle et personnelle ? Pour lui, l’élément principal est d’avoir la volonté d’apprendre, c’est-à-dire d’obtenir de l’information et d’être conscient de la complexité du monde social et naturel. Ainsi, s’il décide de faire ou d’acheter quelque chose, doit-il avoir à l’esprit les conséquences de ses actes sur l’environnement et sur les producteurs autant que faire se peut. Ce principe concerne toutes les dimensions de la vie quotidienne, privée et professionnelle. Etant donné le libre arbitre des hommes, il peut aussi décider de gaspiller, d’acheter des objets artificiels, mais s’il est amené à en subir de mauvaises conséquences, il devra les assumer et ne pas jouer au naïf.

Nous avons ensuite abordé la question des responsabilités spécifiques de l’Union européenne (UE) vis-à-vis de ses citoyens et du reste du monde.

Thomas approuve entièrement le principe de subsidiarité en vigueur au sein de l’UE. Pour lui, cette dernière devrait donc se concentrer sur la protection de l’environnement (surtout en Europe de l’Est), garantir les droits sociaux et les droits du travail ainsi que les droits civiques (liberté d’expression, liberté de circulation). Sans tenter d’imposer des valeurs idéologiques autres que celle de la démocratie, l’UE devrait aussi se concentrer sur l’appui aux communautés locales et régionales pour qu’elles élaborent au mieux leurs conditions de vie, de manière démocratique et non discriminante.

Le pouvoir de l’UE en tant qu’acteur international lui semble important mais il doit se distinguer de celui des grandes puissances et incarner une force diplomatique, démocratique, éducative et sociale. Plus spécifiquement, l’UE doit contribuer à améliorer les conditions de vie des pays tiers. En effet, les rapports de force internationaux invitent l’UE à aider les communautés politiques et sociales à organiser leurs intérêts vitaux à un niveau de gouvernance plus élevé et à en garantir un cadre légal le plus efficace possible.

La plus grande irresponsabilité de l’UE est la centralisation de tout le pouvoir politique, l’évacuation de la gouvernance locale et la dérégulation totale des biens communs, tel que l’eau.

Thomas ne pense pas que les citoyens européens ont une responsabilité particulière à assumer à l’égard de leurs pairs. Ils doivent en revanche oeuvrer ensemble pour la solidarité, la démocratie et respecter les cultures et valeurs locales de chaque communauté. Ce type de relation intra-européenne se traduit aussi au niveau international : une communication démocratique entre cultures sachant que la culture et les cadres mentaux de notre UE s’appuient sur les Lumières, la démocratie et les droits individuels pour les hommes et les femmes.

Sur le processus d’enrichissement et de diffusion de la Charte, l’interviewé pense préférable d’utiliser la Charte comme un outil de sensibilisation sur le terrain, de le considérer comme un texte en cours de construction, qui pourrait être modifié grâce à la tenue de panels de citoyens et de cercles d’études transnationaux, par exemple.

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