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La gouvernance mondiale du ressentiment por Arnaud BLIN Séminaire réalisé à Iquique les 5 et 6 décembre 2008 en présence de Chiliens Péruviens, Boliviens et Argentins. | |
Le ressentiment est un autoempoisonnement psychologique, qui a des causes et des effets bien déterminés. C’est une disposition psychologique, d’une certaine permanence, qui, par un refoulement systématique, libère certaines émotions et certains sentiments de soi normaux et inhérents aux fondements de la nature humaine, et tend à provoquer une déformation plus ou moins permanente du sens des valeurs, comme aussi de la faculté de jugement. Parmi les émotions et les sentiments qui entrent en ligne de compte, il faut placer avant tout la rancune et le désir de se venger, la haine, la méchanceté, la jalousie, l’envie, la malice. Max Scheler, L’Homme du Ressentiment À l’origine du ressentiment chez l’individu comme dans le groupe social, on trouve toujours une blessure, une violence subie, un affront, un traumatisme. Celui qui se sent victime ne peut pas réagir, par impuissance. Il rumine sa vengeance qu’il ne peut mettre à exécution et qui le taraude sans cesse. Jusqu’à finir par exploser.(…) La reviviscence de la blessure passée est plus forte que toute volonté d’oubli. L’existence du ressentiment montre ainsi combien est artificielle la coupure entre le passé et le présent, qui vivent ainsi l’un dans l’autre, le passé devenant un présent, plus présent que le présent. Ce dont l’Histoire offre maints témoignages. Marc Ferro, Le Ressentiment dans l’histoire L’Histoire nous offre une lecture abondante de conflits petits et grands nés dans le ressentiment. Les Révolutions, les grandes périodes de rupture qui génèrent les grands cycles historiques sont d’ailleurs souvent le résultat d’une explosion brutale de vieux ressentiments. Après les grandes révolutions du 18e siècle, du 19e et du 20e siècle, après l’éruption des grandes idéologies et des nationalismes virulents qui tous, d’une certaines façon, instrumentalisèrent des ressentiments légitimés, le 21e siècle nous offre le spectacle d’une carte politique mondiale rongée par les ressentiments en tous genres. Pour paraphraser René Descartes, nous pourrions presque dire que le ressentiment est la chose la mieux partagée du monde. Difficile en effet, d’observer l’actualité se dérouler sous nos yeux sans percevoir les ressentiments qui sont la cause ou la conséquence des grands événements qui ponctuent notre quotidien. Prenons un exemple tout récent. Qu’entend-t-on sur la crise financière de 2008 ? Qu’elle va créer une montagne de ressentiments, notamment dans les pays du Sud, lesquels pourraient se sortir de la misère avec une fraction de l’argent débloqué avec une vitesse déconcertante par les pays riches – des centaines de milliards d’euros ou de dollars – pour sauver leurs banques. Parlons d’une autre crise, celle du 11 septembre 2001. Ses causes ? Pour de nombreux observateurs, le fondement du terrorisme islamique viendrait du ressentiment qu’éprouverait le monde musulman vis-à-vis de l’Occident. La guerre en Irak ? Combien de ressentiments durables n’a-t-elle pas engendrés ou exacerbés au Moyen-Orient? Nous pourrions multiplier ces exemples à l’infini. Ainsi, la plupart des conflits actuels sont-ils nourris en grande partie par le ressentiment : conflit du Proche-Orient, conflit entre l’Inde et le Pakistan, conflits inter-ethniques africains. Les génocides du Rwanda et du Burundi, soit les conflits les plus meurtriers de ces cinquante dernières années, furent dans leur essence des guerres de ressentiment. Les guerres de l’ex-Yougoslavie sont à ranger dans la même catégorie. Au-delà des conflits ouverts, combien de pays et de peuples sont mus par une rancoeur vivace souvent ancienne et même très ancienne dont la mémoire collective se maintient juste au-dessous de la surface, prête à exploser ? Ainsi, la Chine n’a-t-elle pas pardonné au Japon ses exactions des années 1930, ni les Arméniens le génocide commis par les Turcs en 1915 à leur encontre, que ces derniers refusent d’ailleurs d’accepter, ajoutant ainsi à la rancœur des premiers. Les Espagnols se souviennent avec animosité de Napoléon, de Franco (de plus en plus maintenant que l’on ouvre les charniers de la guerre civile), mais aussi de la colonisation musulmane qui, pourtant, s’est achevée il y a plusieurs siècles. De leur côté, les Grecs n’ont rien pardonné aux Turcs qui les subjuguèrent durant des siècles. Les Africains et les Indiens entretiennent des rapports ambigus avec les anciennes nations colonisatrices, France, Angleterre, Portugal ou Pays-Bas. Les Etats-Unis, depuis Monroe et surtout Théodore Roosevelt, ont abondamment nourri le ressentiment de leurs voisins du Sud et continuent maladroitement encore aujourd’hui à entretenir ce sentiment d’animosité. Le Pérou et la Bolivie n’ont pas encore pardonné aux Chiliens de les avoir amputé d’un immense territoire et, pour les seconds, d’un accès à la mer. Dans toute l’Amérique, depuis le Chili et l’Argentine jusqu’au grand nord canadien, les populations amérindiennes vivent dans leur quotidien les conséquences de la colonisation européenne, comme les aborigènes ou les Maoris, parmi d’autres, dans le Pacifique. Le ressentiment grogne les esprits au-delà du pardon. Le ressentiment collectif qui se greffe sur l’individu appartenant à une communauté est souvent formé de plusieurs strates. Prenons l’exemple du Togo, ce petit pays de l’Ouest africain qui, après la colonisation française (suivi de la néo-colonisation post-indépendance) fut soumis au lutte de pouvoir entre tribus du Nord (Kabyés) et du Sud (Ewés), le pouvoir gouvernemental favorisant outrageusement les premiers par rapports au seconds, alors que ces derniers défendaient âprement leur pouvoir économique par rapports aux premiers. Dans toute l’Afrique, ces luttes internes alimentent un ressentiment qui, combiné avec d’autres éléments, peut à tout moment exploser tel un volcan endormi. Ainsi la Côte d’Ivoire que l’on montrait pourtant il y a quelques années comme l’exemple d’un pays stable et pacifique. On pourrait penser que l’intégration politique est un remède efficace aux ressentiments collectifs. Ainsi, l’exemple de la France et de l’Allemagne, qui ont porté les guerres de ressentiment à un niveau paroxysmique. Depuis le 18e siècle et plus précisément depuis la Guerre de Sept ans (1756-63), le ressentiment entre ces deux pays est à l’origine d’une série de guerres, dont deux ont englouti le reste du monde. Qu’on en juge. Après l’humiliante victoire de la Prusse sur la France à Rossbach en 1757, les Français n’ont qu’une idée en tête : prendre leur revanche sur les Prussiens, ce qu’il feront à la bataille d’Iéna en 1806 avec Napoléon. C’est cette défaite, humiliante pour les Prussiens, qui s’enorgueillissaient de posséder la meilleure armée du monde, qui fait naître le nationalisme allemand et permet à la Prusse, puis à la nation allemande réunifiée, de construire son Etat et son armée moderne. En 1870, les Allemands essuient l’affront de 1806 en infligeant une correction à la France qui perd l’Alsace et la Lorraine. De 1870 à 1914, les Français n’auront qu’une idée : la revanche. C’est l’une des causes principales de la Première Guerre mondiale. Etape suivante : en 1919 avec le traité de Versailles, c’est l’Allemagne, humiliée collectivement par les vainqueurs de 1918, qui favorise la montée de Hitler et provoque la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, après 1945, l’Europe va se reconstruire alors qu’une réelle amitié se noue entre les deux anciens adversaires qui forment le noyau dur du projet européen. Pourtant, l’intégration européenne ne noie pas tous les ressentiments, loin s’en faut. Qu’il s’agisse de l’Irlande du Nord, de la Pologne, du pays Basque ou de la Corse, pour ne citer que ces exemples, les vieux ressentiments alimentent les communautarismes et tribalismes qui virent parfois aux séparatismes. Que dire de la situation de la Belgique, où siègent pourtant les institutions européennes. Au sein de ce territoire minuscule, deux communautés linguistiques – francophones et néerlandophones – sont tiraillées par de vieux ressentiments, au point que le pays est quasiment ingérable et qu’il semble prêt à imploser à tout moment. Pourquoi, alors, la France et l’Allemagne ont-elles pu mettre derrière elles deux siècles de guerres alors que d’autres semblent incapables de mettre leur rancœur de côté, bien au contraire ? Une première explication tient peut-être à la nature même du ressentiment. La France et l’Allemagne furent en conflit et leurs guerres furent d’une violence extrême, avec un nombre de morts qui reste, et restera peut-être toujours, insurpassé, dans aucun conflit. Mais ces guerres furent des guerres classiques puisqu’elles furent entreprises par des Etats, pour des querelles touchant principalement à une compétition hégémonique (s’imposer comme la première puissance continentale européenne) et territoriale. Les peuples furent embarqués dans ces conflits provoqués par leurs dirigeants mais ils n’en furent pas les moteurs. Le ressentiment fut donc d’une certaine manière artificiel, d’autant qu’une fois la guerre terminée, chacun rentrait chez soi. Il est symptomatique que les régions où un réel ressentiment populaire persiste aujourd’hui sont celles qui furent soumises à la domination du vainqueur, en l’occurrence l’Alsace et la Lorraine. Bien sûr, il y a eu aussi toute la construction institutionnelle de l’Union Européenne laquelle a commencé, il n’est pas anodin de le dire, par une Communauté européenne du charbon et l’acier (CECA). Mais le ressentiment est tenace. Le cas de la Belgique est à l’opposé. Aucune guerre n’opposa Wallons et Flamands. Néanmoins, l’humiliation que ressentirent les seconds lorsque les premiers dominaient l’économie du pays provoqua une réaction violente lorsque l’équilibre tourna à l’avantage des Flamands. Aujourd’hui, le ressentiment est mutuel, et profond. Il est profond parce que l’humiliation fut (ou est) quotidienne. Parce qu’elle vient non pas d’un Etat ou d’un gouvernement étranger, à travers ses armées, mais d’un peuple, de son propre peuple. On voit le même type de mécanisme au Rwanda, où le ressentiment profond, souvent à l’égard de ses propres voisins, parfois de sa propre femme ou de son propre mari, provenait d’une humiliation quotidienne qui était complètement réprimée avant que les circonstances ne lui permettent de s’exprimer de la manière la plus dramatique qui soit. Le génocide du Rwanda, contrairement aux autres grands génocides du 20e siècle, est le fait des populations avant celui des dirigeants politiques. Sa force motrice est le ressentiment. Depuis le local jusqu’au global, le ressentiment collectif entre les peuples se manifeste sur divers niveaux. Il peut-être économique, social, ethnique. Ses racines peuvent avoir une longue et même une très longue histoire ; elles peuvent avoir été enfouies ou réprimées par un gouvernement autocratique (Tito en Yougoslavie) ; elles peuvent être récentes tout en étant d’une grande vigueur : c’est le cas entre Juifs et Arabes au Proche Orient, où le ressentiment né au siècle dernier s’est développé avec une ampleur telle qu’il en est devenu le principal obstacle à une paix durable qui, pourtant, servirait la cause de tous. Le ressentiment peut aussi opérer une espèce de mutation : la guerre du Pacifique était un conflit classique mais le ressentiment né de l’issue de la guerre, en particulier en Bolivie, a donné une empreinte telle à la nation qu’il définit en partie la conscience collective du peuple bolivien, d’autant que la perte de l’accès au Pacifique a affecté d’un point de vue économique et social la vie de chaque citoyen. Plus d’un siècle après le traité d’Ancon, le ressentiment né de cette guerre définit toujours les relations entre le Chili, le Pérou et la Bolivie. Le ressentiment est rarement de bon augure. Il n’en demeure pas moins que les dirigeants politiques l’exploitent à des fins de propagandes nationalistes, soit pour justifier un conflit, soit pour légitimer leur présence à la tête du pays. On se rappelle le cas des dictateurs argentins lors de la guerre des Malouines, le ressentiment à l’égard de la Grande-Bretagne ayant joué un rôle essentiel dans ce conflit. Au sein d’un pays, le ressentiment entre populations ou ethnies est une source potentielle de guerres civiles. Entre Etats, il provoque la guerre dite classique. Au-delà, dans un schéma qui heureusement reste théorique, le ressentiment collectif dépasse les frontières pour toucher les « civilisations ». C’est d’ailleurs la théorie bien connue de Samuel Huntington sur le « choc des Civilisations » qui porte en quelque sorte le ressentiment à son plus haut niveau. C’est aussi l’explication des fondamentalistes radicaux, dont Ben Laden reste le porte-parole le plus connu. Du reste, les ressentiments inter-civilisationnels semblent plutôt être une chose du passé même si certains signes tendent à montrer ici et là que de tels ressentiments ne sont pas complètement morts. Si la guerre de Trente ans (1618-1648) avait porté à son paroxysme les conflits de ressentiments, qu’on appelait à l’époque « guerres d’opinion », et qui touchaient surtout les rivalités religieuses intenses entre catholiques et protestants, les relations internationales avaient depuis lors et jusqu’en 1991 pris une tournure résolument étatique. En d’autres termes, les Etats étaient forts et les guerres étaient principalement des conflits entre pays. L’idéologie nationaliste portée par le concept d’ « l’intérêt national » avait compressé les ressentiments internes mais sans pour autant les résorber. La vague décolonisatrice qui suivit la Seconde Guerre mondiale consomma les ressentiments alimentés par plusieurs décennies de domination occidentale. On crut en Occident que les indépendances mettaient un terme à l’animosité. Erreur ! Cinquante ans après, le ressentiment des (anciens) colonisés n’a fait que croître dès lors que les peuples ont pris conscience de la pleine mesure des politiques coloniales, sentiment corroboré par le sentiment de culpabilité collective qui s’est emparé des anciens colonisateurs. Pensons aux rapports perpétuellement tendus entre Algériens et Français, entre Indiens et Britanniques. La défense des droits de minorités permit au même moment une autre prise de conscience vis-à-vis des peuples autochtones broyés par l’Histoire, ainsi sur l’ensemble du continent américain et en Australie. Le ressentiment est la chose le mieux partagée du monde, l’avons-nous dit, mais il n’est universel. Les colons ne le ressentent pas ou ne le ressentent pas de la même façon. Ou, devrions-nous dire, ils ne se rendent pas compte ou ne veulent pas voir le ressentiment des peuples colonisés. Le dégel géopolitique qui fut la première conséquence de la fin de la guerre froide fit renaître une multitude de ressentiments dans le monde, lesquels provoquèrent un certain nombre de guerres civiles sur l’ensemble de la planète. Par ailleurs, l’arrogance des Etats-Unis, surtout avec la présidence de George W. Bush, n’a fait qu’attisé les vieux ressentiments nourris de décennies de provocations et de maladresses commises par la maison « blanche » au nom de la supériorité du modèle américain. Tous ces éléments et d’autres se conjuguent pour dresser un tableau géopolitique de la planète où le ressentiment pourrait être considéré comme l’un des éléments perturbateurs fondamentaux du monde contemporain. En effet, après les tensions européennes qui résonnaient dans le reste du monde au 19e et au début du 20e siècle, après la guerre idéologique entre le bloc soviétique et le bloc capitaliste caractéristique de la guerre froide, on pourrait presque dire que c’est le ressentiment qui a remplacé les nationalismes et les idéologies en tous genres responsables des cataclysmes des siècles précédents. On pourrait même aller plus loin pour dire qu’un type de ressentiment profond a remplacé l’instrumentalisation du ressentiment qui était d’une certaine façon à la base des idéologies du XXe siècle, à commencer par les idéologies nationalistes. Le nazisme, après tout, n’est-il pas en quelque sorte une idéologie du ressentiment de l’ « Autre », le Juif, le Slave, le « non-Aryen » ? Aujourd’hui, le ressentiment est généralement dépouillé de cette instrumentalisation idéologique, ce qui le rend d’une certaine façon plus « pur » mais tout aussi dangereux puisque ses racines sont finalement plus profondes. Comment gérer le ressentiment ? Peut-être est-ce là l’une des grandes questions auxquelles nous devrons trouver une réponse au 21e siècle, d’autant que de nouvelles sources d’animosité tel que la préservation de l’environnement, la compétition pour des biens communs comme l’eau ou l’énergie ou l’équité entre les peuples viendront rajouter une nouvelle couche de ressentiments s’ils ne sont pas résolus. Une chose est sûre en tous les cas : une paix durable est impossible tant que tous ces ressentiments ne seront pas résorbés ou du moins maîtrisés et canalisés. Comme pour toutes les questions ayant trait à la gouvernance mondiale, le problème du ressentiment est complexe et il exige une approche à la fois globale, qui tente d’appréhender le phénomène dans son ensemble, mais qui aussi permet de traiter chaque cas de figure. Les techniques éprouvées de prévention et de résolution de conflits constituent une démarche importante dans ce domaine. Mais encore faut-il les mettre en œuvre, c’est-à-dire trouver la volonté, ainsi que les moyens, de le faire. Idéalement, le dialogue doit être alimenté de manière permanente, le ressentiment s’abreuvant souvent de malentendus. A un niveau supérieur, il s’agit aussi de renouveler l’identité de chaque individu et de chaque communauté. Le ressentiment est un acte de mémoire agressif, souvent enfoui dans un passé lointain qui projette des repères fondés dans une histoire mal comprise et mal digérée. L’idéologie nationaliste qui guide depuis plusieurs siècles les politiques des Etats a eu dans ce domaine un effet particulièrement néfaste puisqu’elle a exacerbé les ressentiments entre les peuples sans pour autant résorber les rancoeurs infra-nationales. En ce sens, l’érosion des frontières nationales et la récente prise de conscience de la place de l’être humain dans son environnement contribuent à redéfinir l’identité de chacun dans un monde qui d’une certaine façon paraît moins fragmenté, même si de nouvelles lignes de fractures se dessinent aussi qui peuvent, si on n’y prend garde, nourrir de vieux ressentiments et en créer de nouveaux. En d’autres termes, l’homme nouveau et la femme nouvelle ont une « carte identitaire » beaucoup plus complexe que celle de leurs parents et grands-parents qui les lient à divers individus et communautés dans le monde et non plus simplement à leur environnement local, national, régional, religieux ou linguistique. Or, dans ce monde qui change rapidement et profondément, le présent va se conjuguer de plus en plus avec l’avenir alors qu’auparavant, il se conjuguait surtout avec le passé. Ce n’est pas une raison pour oublier le passé, au contraire, puisque le devoir de mémoire est un élément vital de toute stratégie de lutte contre le ressentiment. De toute évidence, les architectes d’une nouvelle gouvernance mondiale se doivent d’aborder cette question épineuse sans concession aucune car, désormais, ces architectes seront les peuples eux-mêmes. |