Publicado em 29 de junho de 2005
Le commerce équitable comme outil pour l’adoption d’une attitude responsable por Yolanda ZIAKA | ||
Le mouvement du « commerce équitable » est un exemple d’une action économique alternative, qui vise à contribuer au développement durable du point de vue social, économique et environnemental à la fois et qui se base sur la sensibilisation et l’éducation du consommateur. De ce fait, ce concept offre un potentiel important pour le développement d’une attitude responsable de la part des consommateurs de tout âge, c’est-à-dire, du grand public. Le commerce équitable se définit comme un partenariat commercial, entre les producteurs du Sud et les importateurs du Nord, qui vise un développement durable pour les producteurs exclus ou désavantagés et à assurer la sécurité économique pour les producteurs marginalisés. Il est considéré comme un mouvement de solidarité Nord-Sud visant à limiter les effets négatifs du commerce international. Il cherche à réaliser cela en obtenant des prix et des conditions plus justes pour les producteurs, à minimisant les impacts de la production sur l’environnement et en éduquant les consommateurs pour qu’ils deviennent des acteurs du changement. Par ailleurs, ce mouvement vise à ce que les coûts sociaux et environnementaux de la production soient internalisés, c’est-à-dire intégrés dans le prix des produits. Son slogan « Trade not Aid », montre bien que ce mouvement se démarque de relations d’assistance, se fondant sur l’égalité et le respect. Quant aux rapports entre le commerce équitable – développé pour les produits agricoles – et les conditions environnementales de la production, il faudra remarquer que l’agriculture biologique et le commerce équitable se sont développés comme deux mouvements indépendants, mais qui partagent des objectifs complémentaires. Les agences de certification ont compris récemment qu’une association des deux mouvements représente des avantages mutuels : l’agriculture biologique ne peut plus ignorer les conditions sociales de la production, tandis que les producteurs impliqués dans le commerce équitable pourront démontrer que leurs produits sont de qualité. Des synergies entre les deux mouvements ont commencé à être développées dans le domaine de l’accréditation et de la certification, ainsi que dans celui de la distribution. Le premier label de commerce équitable est né d’un partenariat entre des organisations hollandaises et des organisations de producteurs de café au Mexique. La labellisation par produit concerne aujourd’hui principalement une dizaine de produits agricoles ou horticoles, la plupart d’origine tropicale (café, cacao, miel, thé, sucre, banane, fruits et jus de fruits, riz et fleurs), pour lesquels le commerce équitable a développé des critères environnementaux et sociaux et des méthodes de suivi. La labellisation s’appuie sur le contrôle vertical de la chaîne de production et de commercialisation des produits, démarche complexe et coûteuse, qui a bénéficié de l’appui d’organismes d’aide au développement et de certaines agences gouvernementales. Des expériences positives en Europe Dans les pays du Nord, on assiste, au cours des dernières années, à un développement important du commerce équitable. C’est en Europe que se sont développés en premier et le plus largement les organisations de certification du commerce équitable et les points de vente (boutiques spécialisées, mais aussi des coins de vente dans certains supermarchés). Ce mouvement a connu une progression importante dans d’autres pays industrialisés, notamment le Canada, les Etats-Unis, l’Australie et le Japon. Les grands cabinets d’audit commencent maintenant à employer ce concept et des grandes entreprises préparent le lancement de leurs produits équitables » . Une norme internationale de responsabilité sociale, le SA8000, a été introduite, il y a quelques années, dans le secteur privé. Prenons l’exemple du café, qui montre bien comment le commerce équitable peut changer les termes des échanges. En Amérique Latine, mais aussi en Afrique et en Asie, des centaines de milliers de familles de petits producteurs dépendent de la vente du café. Au cours des dernières années, le prix international du café est tombé plusieurs fois sous le niveau permettant aux petits producteurs d’en vivre. Au niveau actuel du prix (autour de 50 dollars les 100 livres sur le marché international), le café aromatique ne vaut même pas la peine d’être récolté. Depuis 1988, un label de commerce équitable garantit aux groupes de producteurs associés un prix minimum de 126 dollars les 100 livres, calculé sur le prix minimum permettant à une famille de petits producteurs de vivre, offrant une certaine sécurité économique à moyen terme aux producteurs. Aujourd’hui, le café équitable représente, en Hollande le 2,5% du marché et, en Suisse, le 5% du marché. Un objectif pédagogique: l’éducation du consommateur Les organisations de commerce équitable et d’autres organisations, gouvernementales ou non, ont mis au point et utilisent des jeux éducatifs à l’usage des jeunes, des adultes, des militants ou des volontaires de la coopération, qui permettent de mieux comprendre les enjeux : « route du café », « jeu de la banane », etc. Divers acteurs organisent encore des « petits déjeunes équitables », qui constituent d’excellents programmes d’éducation au commerce équitable. L’intervention éducative autour de ce sujet vise à faire prendre conscience de notre responsabilité en tant que consommateurs. Elle donne l’occasion d’expliquer au citoyen du Nord la complexité des chaînes de production et de la structure des échanges internationaux : comment connaître les effets toxiques des batteries des téléphones portables ? quels sont les impacts des appareils électroniques que j’utilise sur l’environnement ? Il est important à noter que le développement du commerce équitable dans les pays du Nord, ces dernières années, est justement le résultat d’une action éducative réussie. Mais ce développement reflète, en même temps, une nouvelle relation d’une partie de la population à la consommation, un mouvement vers la « consommation responsable » ou la « consommation éthique ». Références bibliographiques Commerce équitable, Fondation Charles Léopold Mayer, Cahiers de propositions pour le XXIe siècle, CPP 41, 2001 |