Início Atividades Atividades regionais Europe Georgia and countries of Caucasus Series of conferences-debates,Tbilissi, October 2004 Publicado em 16 de janeiro de 2005
Responsabilités individuelle et publique por Ina Ranson | ||
Réunion de quelques enseignants et d’une quinzaine d’étudiants dans la section française de l’Université des Langues et des Cultures Occidentales, le 25 octobre 2004. Présentation de la Charte par Edith Sizoo. L’approche d’Edith présentée à la lumière de ses expériences personnelles dans le contexte des évolutions de l’histoire récente a été reçue avec une grande attention, ainsi que ses exemples illustrant l’accueil de la Charte dans différentes cultures, notamment en Inde, en Afrique et en Amérique Latine. Le débat avait été préparé de façon exemplaire. Beaucoup d’étudiants avaient déjà lu la Charte et réfléchi sur des questions. En voici quelques exemples : La Charte vise la responsabilité de l’individu. Mais chez nous il y a tant de problèmes économiques et sociaux. Quel est donc le rôle de l’Etat ? Tout change chez nous aujourd’hui. Pour définir mes responsabilités – à quelle tradition dois-je me référer ? Ces questions illustrent l’incertitude qu’éprouvent beaucoup de jeunes par rapport à certaines valeurs du passé, ainsi que par rapport aux lois et coutumes. Après la ruine de l’idéologie communiste, la chute de l’empire soviétique, l’indépendance du pays, la « période de transition vers la démocratie » se prolonge sans qu’on en puisse encore voir le bout, malgré les grands espoirs liés à la « révolution des roses ». Les réponses d’Edith ont fait appel à la responsabilité de chacun dans sa famille, dans son quartier et dans sa ville. Appel très important dans un pays où l’espace public avait été entièrement occupé et géré par l’Etat ! Et où les débris qui s’accumulent dans les rues et dans les cours où sont assis, pendant des heures entières, des hommes indifférents sont signe d’une passivité affligeante (en revanche, la responsabilité pour la famille élargie, pour les vieilles personnes et même pour les voisins est bien plus développée en Géorgie que chez nous). Quand Edith a souligné la différence entre les Droits de l’Homme (égaux pour tout un chacun) et les Responsabilités de l’Homme (proportionnelles aux moyens dont il dispose), les étudiants ont été particulièrement attentifs. Suite possible, appel à initiativesChercher des exemples de prise de responsabilité dans les quartiers et les villes (Régies de quartier en France, initiatives des citoyens dans le domaine de l’habitat etc.) La responsabilité est-elle innée ou acquise ? Peut-on être obligé d’être responsable ? Peut on apprendre la responsabilité ? La responsabilité ne fait-elle pas tout simplement partie de la morale ? Ne faudrait-il pas plutôt parler de devoir que de responsabilité ? Edith a souligné que le mot de responsabilité est plus riche parce qu’il implique une prise de conscience et une volonté qui vient de l’intérieur de chacun. Sujet de débat fructueux (nous l’avons d’ailleurs aussi mené lors de la traduction de la Charte en allemand, la concluant provisoirement) ; occasion de parler de la différence entre les conceptions de responsabilités dans différentes cultures (responsabilité prise par l’individu, responsabilité accordée à l’individu par un groupe) Qu’y a-t-il de nouveau dans cette Charte par rapport aux traditions éthiques existantes ? Cette question a permis de faire le lien entre la Charte et les valeurs géorgiennes. Mais nous n’avons pas pu approfondir ce thème. A creuser ! Il invite aussi à prendre conscience de la situation de crise où nous a menés une conception de progrès imaginée à une époque dévolue et à parler du « principe de responsabilité » décrit par Hans Jonas. Comment la Charte sera-t-elle reçue au niveau du gouvernement ? Je ne peux pas imaginer que les gouvernements des grands pays la prendront au sérieux. Ce fut l’occasion de rappeler qu’il est vain d’attendre que la solution des problèmes vienne d’abord par « en haut », par les hommes politiques. Vous avez raison, la politique n’est qu’une affaire sale. Il n’y a rien à attendre de ce côté là ! Attitude dangereuse et qui tend à se répandre de nouveau trop vite, une fois que « la période de grâce » du jeune président Misha Saakashvili vient à sa fin. Il fallait nuancer, réhabiliter la politique, donner des exemples positifs, indiquer des pistes de coopération possible. La Charte prévoit-elle que des actes irresponsables seront sanctionnés ? Voici encore une de ces questions qui appellent à des explications longues. Edith a souligné que l’existence de la Charte de droits de l’Homme s’est révélée utile et bénéfique dans maintes situations historiques. Sur quelles valeurs la Charte se fonde-t-elle ? Est-ce qu’elle ne nous conduit pas dans la globalisation(sous-entendu : en dehors de nos traditions) ? Cette question montre combien il est parfois difficile de faire comprendre le sens de la démarche ; elle traduit la méfiance, la crainte très répandue face à une influence occidentale très importante et imposée. Occasion d’introduire la notion d’« alter-mondialisation », d’insister sur des défis communs auxquels doivent faire face tous les pays. Une jeune romaniste de la section, spécialiste de la « traduction culturelle », nous raconta qu’elle avait fait, avec ses étudiants, un travail de traduction de la Charte plus adaptée au contexte géorgien. Elle est prête à aller plus loin et ferait volontiers partie d’un groupe de réflexion autour de la Charte. |