Publicado em 10 de dezembro de 2005
La solidarité Nord/Sud comme forme de responsabilité por Betty NGUYEN | ||
Nous présentons ici le compte rendu d’un entretien avec Guy Peyretti, Français, marié et père de famille, responsable du service de la coopération décentralisée au Grand Lyon (autorité publique de l’agglomération lyonnaise). Le guide d’entretien s’est appuyé sur le questionnaire rédigé par l’équipe d’animation de la Charte en Europe mais s’est aussi davantage concentré sur les relations Nord-Sud, compte tenu de la profession de l’interviewé. De par son éducation et sa formation (géologue et écologue), la notion de responsabilité humaine évoque à l’interviewé la mise en oeuvre de valeurs intimes, des notions de civisme, de respect d’autrui et de l’environnement. Cela évoque aussi le fait d’être tourné vers l’autre et solidaire de son milieu : c’est-à-dire les différents cercles qui composent son environnement, dont la famille. Pour lui, assumer ses responsabilités ne découle pas de préceptes moraux ayant trait notamment à la judéo-christianisme, mais relève d’un « matérialisme », d’une rationalité, d’une forme de bon sens : pour vivre ici et maintenant et à l’avenir, il est important pour nous et nos enfants de garder la planète propre. Sur le plan personnel et dans la vie quotidienne, les modalités pour assumer des responsabilités ont changé mais pas les valeurs qui les sous-tendent : après avoir pendant 25 ans, assumer ses responsabilités politiques et syndicales sur le terrain, il s’est davantage tourné vers sa famille et son métier. Personnellement, il a la « sensation » d’être généreux, de laisser la place aux autres, de ne pas être à la recherche du pouvoir, d’aller dans le sens des intérêts des siens qui ne sont pas nécessairement ses propres intérêts car pour lui, la responsabilité conduit au partage et à l’altruisme. Sur le plan professionnel, travailler dans le service public le comble. Selon lui, les principes du service public s’appliquent bien à la responsabilité : égalité, solidarité, accessibilité, servir le plus grand nombre et les plus démunis, faire passer l’intérêt collectif avant les intérêts privés, combattre les phénomènes de NIMBY (not in my backyard)... Son coeur de métier, oeuvrer pour la solidarité Nord/Sud, donner des moyens aux plus démunis, donner des savoirs, des savoir-faire, des biens, moderniser les sociétés, les rendre plus justes et autonomes, combler les inégalités est une forme d’exercice des responsabilités... Même si ce sont souvent les mêmes que l’on aide, même si l’argent ne parvient pas toujours aux plus démunis, même si ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan... Cela dit, il existe des obstacles à la prise de responsabilités : la place à laquelle on est assigné dans la hiérarchie professionnelle, le manque de courage, de volonté, la paresse, le danger, la faiblesse humaine. Et cette question lancinante : quelle est la bonne échelle d’intervention pour prendre ses responsabilités ? Ainsi l’exercice de responsabilités à des niveaux différents se contredit-il : en ce sens, le phénomène NIMBY peut être perçu comme une prise de responsabilités vis-à-vis de ses proches et a contrario comme une absence de prise de responsabilités vis-à-vis de l’intérêt collectif. Pour lui, une des formes les plus élaborées et plus complexes de la responsabilité sociale est le système de sécurité sociale, tel qu’on le connaît dans les pays de welfare state : contrairement à l’Afrique notamment où chacun doit individuellement compter sur les uns et les autres en termes de protection sociale, la sécurité sociale dans les Etats du welfare state donne de la responsabilité aux groupes sociaux. La responsabilité est à relier à une citoyenneté active : la responsabilité se situe dans la sphère politique, là où sont les contre-pouvoirs, la contestation, l’implication, et pas seulement dans les bulletins de vote. Elle découle aussi d’une conscience planétaire, liée à la connaissance des mécanismes de l’environnement et du fonctionnement de nos sociétés. Sur le texte même de la Charte, les principes sont généraux mais pertinents, et ce d’autant plus qu’ils sont issus d’un travail transculturel. Plutôt convaincu que les choses n’avancent guère par le haut où la réflexion et le débat sont généralement absents, Guy suggère d’enrichir la Charte dans des lieux et des réseaux de débat et de réflexion, tels que ATTAC, des groupes de défense de l’environnement et des droits de l’homme, par exemple. |