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Publicado el 10 de diciembre de 2005
Traducciones disponibles en: English .

Diffusion de la Charte en Italie : interview d’une professionnelle de la santé

por Jean-Paul BRAUX

Temas generales asociados: Responsabilidad comunitaria .

Nous présentons ici une interview réalisée par Francesco Tabacco, accordée par Mme Irène Mariella, en Florence, Italie. Mme Mariella a 51 ans et travaille comme obstétricienne dans le Service National Italien de la santé, à Florence. Elle vit dans le centre de la ville de Florence avec son compagnon, qui a une fille de dix-huit ans. Elle soutient un enfant en Inde, qu’elle a adopté à distance.

La discussion a tourné autour des questions du questionnaire qui a été conçu par les membres de l’équipe de coordination de la Charte en Europe. Nous avons commencé à réfléchir ensemble sur les thèmes soulevés par les textes introductifs sur le commerce international et sur la corruption du secteur public, qui ont été rédigés par notre équipe. Par la suite, nous lui avons posé des questions sur la notion de responsabilité, suivant la présentation de ce concept dans le texte de la Charte.

A la première question, sur la notion de la responsabilité humaine, l’interviewée a répondu que cette expression évoque pour elle le sens de l’attention, de la conscience de son propre comportement et de celui des autres. Les mots qui lui semblent liés au concept de responsabilité humaine sont : conscience, participation, dignité, engagement, égalité.

Nous avons d’abord réfléchi sur l’exemple présenté par le premier texte (consommation de jus d’orange en Europe) et nous avons discuté d’une façon plus approfondie autour de l’idée de la responsabilité, en ce qui concerne la question des ressources naturelles qui sont gaspillées au niveau planétaire. Sur ce point, Irène note que, pour elle, il est assez frappant de prendre conscience d’une réalité inconnue, surtout en ce qui concerne l’Italie, qu’elle croyait être un pays grand producteur et consommateur de jus d’orange. Elle croit, à ce propos, que le thème du gaspillage des ressources naturelles, soulevé par le questionnaire, est exemplaire de l’ignorance dans laquelle nous sommes tenus en tant que consommateurs et, évidemment, il y a plein d’autres thèmes de ce type qui n’arrivent jamais à la connaissance du public consommateur. Cependant, il serait quand même très difficile d’empêcher la consommation de produits dont la production et la consommation gaspillent autant de ressources, parce qu’elle considère qu’il est difficile d’attaquer le système économique qui se trouve à l’origine de tout ça.

Elle affirme que la responsabilité principale de tout ce gaspillage n’incombe pas principalement au consommateur, mais surtout au système international de production et de consommation.

Elle se considère responsable, en tant que consommateur, surtout face à elle-même, parce que la surprise qu’elle a éprouvée en prenant conscience de cette question est la démonstration de sa faible attention, malgré le fait qu’elle soit convaincue que le système économique cherche à tenir caché la réalité complexe du gaspillage des ressources.

Selon Irène, sa propre responsabilité s’étend jusqu’au point où elle a la possibilité de connaître et de comprendre les mécanismes qui sont à l’origine de toutes ces questions et, en prenant en compte de la possibilité de chacun d’entre nous à s’engager pour changer l’état des choses. Cependant, avant tout, elle affirme que la responsabilité la plus grande incombe certainement à ceux qui ont le pouvoir, au sens large, ceux qui ont les outils fondamentaux pour intervenir : insitutions et média. Donc il s’agit, tout d’abord, de responsabilité de type politique face à tous les citoyens du monde.

Dans sa vie quotidienne, Irène cherche surtout à porter son attention aux petits gestes de tous les jours, comme des gestes pour économiser l’eau, l’électricité, pour réduire les déchets, pour chercher à avoir une consommation attentive, même pour l’achat des produits qui en effet, de plus en plus, sont contrôlés par le marché. Elle croit fermement que l’adoption d’un enfant à distance est une petite contribution à la résolution (encore très lointaine) des problèmes du tiers monde.

Dans sa vie professionnelle, elle est engagée dans des thèmes éducatifs qui tiennent à la santé publique, particulièrement la santé des femmes pendant la période de la grossesse. Elle participe aussi à la bataille pour une plus équitable et solidaire répartition des aides sanitaires au tiers monde, à travers des efforts d’information et de participation à des actions, autant que possible.

Si elle en avait eu la possibilité, elle aurait voulu participer activement à l’effort pour la réduction des déséquilibres planétaires. Cependant, elle se rend parfaitement compte que c’est une affirmation de principe, qui s’oppose aux difficultés qu’elle affronte dans sa vie quotidienne, à la difficulté de participer à des mouvements de construction d’un système plus responsable et conscient.

Concernant la question des différents exemples du manque de responsabilité autour de nous, elle considère, avant tout, que la raison principale de cet état de faits est le faible engagement des nations les plus évoluées et économiquement les plus fortes. Ces nations ont toujours abandonné des vastes territoires du monde, en favorisant souvent la corruption et la mauvaise administration. Cette attitude engendre la défiance des citoyens et leur faible niveau d’engagement, surtout dans le sens d’une activation plus collective et harmonieuse sur le thème fondamental du développement durable.

Pour ce qui concerne le type de responsabilités qui ne tiennent pas exactement à la vie personnelle ou professionnelle de chacun, comme la question des guerres, de la pollution, de la corruption etc., elle répond que, pour elle, dans sa vie quotidienne sa propre responsabilité est celle relative à l’effort de mieux comprendre les processus en marche. Ces processus sont le résultat de choix politiques internationaux, qu’il est très difficile d’influencer, dans un système politique qui délègue aux gouvernements seuls le pouvoir d’agir. Irène est convaincue que les actions possibles sont avant tout politiques ; il est donc nécessaire de bien choisir les personnes qui vont nous représenter sur la base de programmes qui auraient comme objectif principal le changement réel des situations de déséquilibre. Sinon, dans la vie de tous les jours, chacun accomplit des petites actions selon sa conscience.

Au delà de ce qu’elle fait elle-même, elle croit qu’il est aussi possible de chercher à influencer les gouvernements et organisations publiques afin d’améliorer la qualité de la vie, dans l’objectif d’un développement durable. Elle ne sait pas s’il est possible d’éliminer les obstacles qui empêchent une action responsable, mais il serait souhaitable que ces thèmes deviennent un engagement stable pour tout le monde et non pas un simple moment de réflexion.

Au sujet de la Charte elle croit qu’un texte de ce type est certainement nécessaire, en tant qu’acte constructif pour un avenir plus conscient. Elle n’est pas sûre que la Charte puisse être un instrument puissant, mais il est sûre que la stimulation d’un débat sur ces thèmes, au niveau international, pourra contribuer à la prise de conscience de tout le monde et non pas, comme aujourd’hui, une discussion limitée à un groupe limité de personnes.

Concernant le texte de la Charte lui-même, elle n’a aucune remarque ou critique à faire. Dans cette phase où la Charte commence tout juste à être diffusée, Irène croit que ce n’est pas possible de faire davantage. Dans l’avenir proche, elle espère que, grâce aussi à la Charte, un mouvement très fort pourra naître. Ce mouvement aura besoin de trouver les instruments par lesquels il pourrait influencer réellement les décisions qu’il faudra prendre pour les questions au niveau planétaire.

Globalement, la dame interviewée indique, à travers une vision « politique », les gouvernements comme principaux responsables de la faible conscience et du manque d’engagement des citoyens, même si elle ne rejette pas ses propres responsabilités directes en tant qu’individu. En menant l’interview avec Irène Mariella, nous avons repéré quelques points du questionnaire qui devraient être modifiés. En tout cas, ce questionnaire remplit remarquablement sa tâche : faire réfléchir en stimulant la discussion autour de la Charte et de la question de responsabilité en général.
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