Publicado em 10 de dezembro de 2005
Diffusion de la Charte en France : interview d’une psychologue militante por Nacéra AKNAK KHAN | ||
Qu’est ce qu’évoque la notion de « responsabilités humaines » ? Kathy pense qu’il y a un pléonasme entre ’responsabilité’ et ’humaines’. Une charte ne peut être écrite que par des humains, seule espèce ayant une conscience. Elle trouve également dommage d’être dans l’obligation d’entreprendre un projet d’écriture d’une charte pour faire appel à la responsabilité de la société. Théoriquement, cette responsabilité est supposée être naturelle à l’homme. La notion de responsabilité doit nous mener à réfléchir à des méthodes pour son apprentissage aux plus jeunes. Il est important de commencer à réfléchir au long terme et ne pas être dans la situation dans la quelle nous sommes. A savoir dans l’urgence de sauver notre environnement en voie de destruction, rétablir les rapports, actuellement en crise, qui nous lient aux autres. Tout à coup on pense qu’il est temps d’être responsable ! Comment s’exprime cette responsabilité ? Il y a plusieurs formes d’expression de la responsabilité : 1/ conscientisation : il faudrait utiliser tous les outils existants pour se tenir informé afin d’être en capacité de s’interroger sur les crises actuelles du local au mondial. 2/ militantisme des « citoyens » en tant qu’acteurs de la cité et ceux des « politiques. » Puisque nous sommes dans un pays où nous avons la capacité de choisir ce qui est bon pour notre vie. 3/ humanitaire : il est important d’offrir son temps, son énergie, son argent et sa réflexion pour mener des actions dans le tiers monde et là où c’est nécessaire. Il est également important pour Kathy de s’interroger continuellement sur ses propres valeurs et sur l’écart qui existe entre son discours et ses actes en tant que femme, salariée et en tant qu’adulte. En tant qu’adulte, elle a la responsabilité d’être dans la transmission à d’autres adultes en tant que formatrice, à des enfants car il est important de les amener à réfléchir sur leurs actes. En tant que déléguée des salariés utilisant un espace syndical pas seulement en tant qu’espace politique, mais surtout comme une instance de réflexion qui vise à responsabiliser et à se sentir acteur dans son travail. Il est important pour Kathy de participer au système global au sein de son travail. Quels sont les niveaux de dé-responsabilité ? Pour Kathy, il y a plusieurs niveaux dans la dé-responsabilité. Le premier niveau concerne la France au niveau du ’politique’ où on croit profondément à la notion d’Etat providence. Les populations ont tendance à déléguer leurs responsabilités sur les pouvoirs de l’Etat, alors que ce dernier n’est que le miroir de ce que nous sommes. En tant que citoyen comment dois-je faire pour faire bouger ce magma étatique ? Voter est un moyen de choisir, mais ce n’est pas suffisant. Comment utiliser les moyens de lutte qui existent ? Le second niveau concerne l’économie libérale qui participe grandement à déresponsabiliser les citoyens. En effet, l’argent est le seul moteur du système économique actuel. En tant qu’ergonome de l’aménagement, Kathy a toujours appris à mettre l’homme au coeur du dispositif. Mais la réalité est tout autre, puisque ce n’est pas du tout l’homme qui fait fonctionner le système, c’est le bénéfice et le maximum de production. Sur la question des OGMs, la question n’est pas de dire quels effets va donner le maïs transgénique sur la santé de l’homme, mais la question sera celle de dire combien de tonnes ce maïs va produire pour faire plus de bénéfice. Kathy ne comprend pas comment toutes les valeurs peuvent être centrées sur le profit et que l’on puisse oublier que nous sommes mortels. Le troisième niveau est que la responsabilité nous amène à rendre compte de nos actes. Mais nous sommes dans une société où les gens et notamment les politiques ont du mal à rendre des comptes. Quand les gens acceptent la baisse des impôts, et acceptent de ce fait la baisse des services publics, il y a une véritable crise sociale et politique et L’Etat est responsable de cela. Responsabilité de près et/ou de loin Kathy se sent responsable par rapport à ce qui se passe dans le monde sur les questions des changements climatiques, de la guerre en Irak. Elle se sent même coupable de ne pas être suffisamment dans l’action pour résoudre ces problèmes. Pour participer à la réflexion globale sur ces questions, elle s’engage individuellement et collectivement pour initier ou rejoindre des actions. A l’échelle individuelle, l’ensemble des ces défis l’amène à réfléchir et à travailler sur elle-même en se posant des questions sur les valeurs qu’elle veut défendre à travers son implication militante dans toutes les sphères où elle intervient. Kathy pense que la solution réside dans le militantisme des citoyens et dans leurs actions collectives. A son échelle, elle se bat pour l’égalité des chances et la parité. Elle est candidate au conseil général afin de pouvoir être plus dans l’action politique. A ce sujet, elle trouve dommage que l’on fasse de la politique un métier et de passer de la notion de conviction à celle de profession. Elle se rend compte qu’a travers sa volonté de s’engager politiquement, elle risque d’être piégée puisqu’en étant élue, la seule possibilité pour elle de continuer est d’être réélue. Car il est difficile de faire marche arrière et notamment quand on est dans le secteur privé. Il est important de revenir sur le statut des élus politiques, mieux connaître leurs missions et rôles. Pertinence de la charte des responsabilités et points de vue sur ses principes Kathy trouve l’idée de charte des responsabilités intéressante mais en contrepartie il est important de s’assurer de l’application de ses principes voire même mettre en place des systèmes de sanctions pour les pays/populations qui ne la respectent pas. On se rend bien compte aujourd’hui que la charte des droits de l’homme n’est ni appliquée, ni respectée dans sa totalité, néanmoins je trouve important qu’il y en ait une. Kathy trouve les principes de la charte trop généralistes. Principe 1 : Kathy a du mal à définir la diversité culturelle et elle ne voit pas non plus ce qu’il y a à mettre dans ce concept. Pour sa compréhension, l’extrême droite est aussi une culture, en respectant ce principe elle se doit de la respecter, il y a un véritable souci. Elle pense également que nous ne pouvons pas accepter la diversité culturelle à tout prix. Ce n’est pas parce que nous avons des intérêts économiques avec le Mali que l’on se doit d’accepter l’excision comme pratique ancestrale et traditionnelle. Kathy pense qu’il est grand temps de ré-interroger ces traditions créées par l’Homme et d’accepter leur faillibilité. Anecdote pour matérialiser la dubitation de Kathy par rapport à la notion de diversité culturelle : Elle est partie au Mali avec un groupe de travail, le guide du groupe tenait absolument à porter le sac très lourd du chef de mission. Elle a réagit en disant que ce n’est pas normal d’accepter cela et la réponse qu’on lui a donnée était de dire que c’est leur culture. Kathy ne nomme pas cette pratique comme culture car elle la met en lien avec les restes des pratiques post-coloniales. Principe 4 : Le port du voile répond à des attentes immatérielles pourtant cela pose problème à celles qui ne l’ont pas choisi ! Aux USA, la montée de l’extrémisme catholique remet en question le droit de l’homosexualité, de choix de vie. Ce qui interroge Kathy c’est que seulement six pays sont laïques dans le monde entier. Tous les autres pays ont des fondements et fonctionnements religieux. Principe 7 : comment allons nous faire pour vivre dans un monde capitaliste ? Comment appliquer une prospérité juste dans un système économique qui n’a pas de dimension équitable ? Principe 8 : les questions de liberté scientifique et éthique la renvoient également à la loi Weil sur l’IVG, la loi la plus remise en question. Où se situe la limite entre la liberté des femmes et la procréation ? Principe 10 : selon Kathy, ce principe n’est pas clair du tout. Comment peut-on prévoir le long terme sur des préoccupations de très court terme ? Elle pense qu’il est impératif d’exiger l’application systématique du principe de précaution et le droit d’ingérence sur les questions environnementales. |